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C’est son avis « En céréales bio, on est sur des marchés non spéculatifs »

Guillaume Millot est producteur de céréales et de moutons en agriculture biologique, dans les Vosges. Adhérent de Probiolor (1) depuis 2016, il en est le président depuis ce début d’année. Il s’inquiète surtout des conséquences des perturbations des marchés en conventionnel, ceux du bio étant préservés car basés sur des stocks physiques.

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« Probiolor fait partie d’une union commerciale, Les Fermes Bio, dans laquelle nous sommes associés à deux autres coopératives, Cocebi en Bourgogne et Biocer dans le Nord-Ouest, décrit Guillaume Millot, producteur de céréales et de moutons en agriculture biologique. Avec nos clients transformateurs, nous sommes sur des contrats triennaux, les volumes étant contractualisés sur les trois prochaines années. Un fonctionnement qui nous préserve des aléas que connaît le marché du conventionnel depuis plusieurs mois. »

 

« De la même façon, nos adhérents sont rémunérés sur la base d’un prix moyen uniquement, ce qui ne les amène pas à raisonner par opportunisme, assure-t-il. En bio, nous sommes aussi moins tributaires du prix des engrais qui va flamber cette année. Tout du moins des engrais minéraux, même si les engrais organiques risquent d’être touchés par effet rebond. »

Une grosse vague de conversion à partir de 2015

« Il y a eu une grosse vague de conversions à partir de 2015, dans la lignée des CTE, se souvient Guillaume Millot. Pour notre coop, le volume collecté en 2020 a été de 24 700 tonnes. Pour 2021, nous serons à 27 000 tonnes. Nous agrandissons notre unique site de collecte de Vézelise, près de Nancy. »

 

« Cet investissement se fait avec un temps de retard par rapport aux volumes gérés, et qui est devenu impératif car nous manquons cruellement de stockage. Nous fonctionnons d’ailleurs avec sept fermes relais pour pallier ce problème. Cet investissement de 5 millions d’euros est conduit de façon très prudente, notre objectif étant de préserver au maximum l’intérêt de nos adhérents et non de la structure. »

Le modèle n’est pas remis en cause

« Notre modèle n’est pas remis en cause, affirme Guillaume Millot. Je suis davantage inquiet de la perte globale de repères sur les marchés. Même si l’envolée des cours est due à beaucoup d’événements extérieurs sur lesquels nous n’avons pas prise (pandémie, aléas climatiques, guerre en Ukraine…), nous sommes vigilants vis-à-vis de ces perturbations mais j’estime que nous sommes préservés. Nous travaillons sur des stocks physiques, des contrats segmentés, qui nous permettent de savoir où nous allons et surtout de continuer à alimenter nos clients. »

 

« Chez Probiolor, nous collectons 48 produits différents, avec parfois des marchés de niche, comme pour le quinoa. Au printemps, nous nous réunissons avec les adhérents et nous leur donnons les conseils pour les semis de l’automne, car nous avons une réelle visibilité à moyen terme grâce à nos contrats. En ce moment, par exemple, nous manquons d’orge brassicole bio. Nous avons la souplesse nécessaire pour nous adapter aux besoins et fournir les bons volumes. »

Pas d’opposition au « local »

« Le bio s’est toujours construit par effet de vagues, rappelle Guillaume Millot. Actuellement, nous sommes dans une phase transitoire qui va s’équilibrer. Il revient à l’État, aux organismes économiques d’être vigilants pour faire coller au mieux offre et demande. Il faut pointer aussi des problèmes de communication. Ils peuvent expliquer, en partie, les difficultés que rencontrent certaines filières bio, notamment en lait. Car le label bio est un des plus exigeants qui soit pour ses effets positifs sur la qualité de l’eau, de l’air. »

 

Il revient à l’État, aux organismes économiques d’être vigilants pour faire coller au mieux offre et demande.

Guillaume Millot, producteur de céréales et de moutons en agriculture biologique

« Nous ne devons pas nous opposer au “local” que nous défendons pour sa répercussion bénéfique sur l’emploi dans les territoires ruraux. En ce qui concerne le bilan carbone, c’est davantage le mode de production qui est impactant que le transport. Le bio ne doit pas non plus s’opposer au conventionnel comme il y a vingt ans, mais trouver son propre modèle et davantage le faire connaître aux consommateurs. »

Propos recueillis par Dominique Péronne

(1) Probiolor est l’unique coopérative de collecte de grains et d’appros 100 % bio en Lorraine et dans une partie de la Champagne-Ardenne.

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